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En pull et short kaki, chaussettes aux pieds, Joel, 36 ans, couve du regard Dag, blondinet de 13 mois au visage potelé, qui gambade sur le tapis bleu. Militaire de carrière, le père s’émerveille : « Jamais je n’aurais pu imaginer l’amour qu’on peut ressentir pour son enfant et qui ne fait que grandir chaque jour. » Depuis quatre mois, Joel passe ses journées avec son fils. Pour lui comme pour sa compagne, partager à égalité le congé parental était une évidence : « C’est ma mère qui s’est occupée de moi et de mes quatre sœurs. Mon père ne savait même pas faire à manger. Il n’était pas question que je reproduise ce schéma. »
Chaque vendredi matin, Joel et Dag participent aux « rencontres des papas », organisées par la maison paroissiale de Limhamn, un quartier résidentiel aisé de Malmö, depuis 2007. Ce jour-là, ils sont seize hommes de tous les âges, accompagnés de bambins de quelques mois à plusieurs années (l’école n’est obligatoire qu’à partir de 6 ans en Suède). Certains pères discutent, d’autres jouent avec leurs enfants. Puis tous forment une ronde au milieu de la pièce et entament des comptines, avant de s’attabler pour le goûter : les petits devant leurs compotes et leurs biscuits, les grands devant un café.
Partager le congé parental avec sa compagne est devenu naturel pour de nombreux Suédois, confirme Jens Karberg, responsable égalité auprès de l’association Män (« hommes », en suédois) : « Alors que les hommes représentaient 0,5 % des congés parentaux quand la Suède a été le premier pays au monde à les instituer, en 1974, entre 85 % et 90 % d’entre eux le demandent aujourd’hui, et ils prennent 30 % du temps. » Au total, les parents suédois ont le droit ensemble à 480 jours de congé parental, dont 390 rémunérés à hauteur d’environ 80 % du salaire et 90 jours donnant droit à une allocation journalière de 180 couronnes (environ 15 euros). Le père bénéficie également d’un congé paternité de 10 jours consécutifs à la naissance.
Une réforme, en particulier, a permis d’accélérer le changement, selon M. Karberg : à partir de 1995, 30 jours ont été réservés à chacun des parents, puis 60 à partir de 2002 et 80 jours depuis 2016. « Cela a eu un effet normatif très important : alors qu’environ 40 % des hommes prenaient des congés parentaux avant, la proportion est passée à 70 % après 1995, et cela a continué à augmenter, même si les femmes subissent toujours une pression plus forte que les hommes pour rester à la maison », constate Jens Karberg.
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